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AVANT PROPOS

Selon une jurisprudence ancienne et constante des tribunaux judiciaires, le jeu de hasard se définit comme tout jeu où la chance prédomine sur l'habileté, la ruse, l'audace et les combinaisons de l'intelligence. Autrement dit, il ne s'agit pas de miser et de laisser le sens du vent déterminer le vainqueur.

 

Les jeux de hasard existent depuis l'Antiquité et parmi les premiers, ce sont les osselets (ancêtre des dés) qui voient le jour, bien avant les paris sportifs ou l'apparition de la loterie nationale.  Parmi ces jeux, il en est un dont la catégorie est remise en question par les juridictions depuis longtemps.

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Le poker est par nature un jeu d'argent dans lequel la meilleure combinaison de cinq cartes (deux cartes en main et cinq sur le board) permet de remporter un pot (nous parlerons du Texas Hold'em ici et non des autres variantes). Contrairement au autres jeux traditionnels, le bluff est indissociable du poker. Le bluff est la capacité de tromper son adversaire de manière intentionnelle sur la main jouée, souvent par le type d'action choisie : une relance, un check etc...

 

Ainsi, certains joueurs vont pouvoir saisir le bon spot avec une main inférieure à celle de leur adversaire et un board parfois non favorable pour eux (par exemple le joueur en Bing-Blinde (BB) qui souhaiterait trouver l'équité). Ici, peu importe la valeur de votre main car les cartes deviennent un prétexte pour miser. Pour bluffer, la seule connaissance des règles du poker ne suffisent pas. Cela requiert de l'expérience et des capacités intellectuelles.

Le joueur participe à un enchainement de coups de manière répétés sur une durée souvent déterminée et suffisante pour diminuer la variance. Ainsi, le facteur chance devient dérisoire. Autrement dit, le joueur fait preuve d'habilité, de ruse, d'audace et mobilise ses capacités intellectuelles (et nous le savons, certains coups demande beaucoup de temps de réflexion !). 

 

Bien qu'il convient d'admettre que la chance existe au poker, on parlera de variance ou d'aléa, c'est une erreur de penser qu'elle a une place prépondérante. Et comme dirait Maitre Simon Cohen avocat :

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"Si vous jouer contre moi, vous êtes sûrs de perdre". 

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Un arrêt de la C.Cass. 30 Oct. 2013 N°12-84.784​ énonce que le poker est un jeu où "le bluff tient une part prépondérante et où le hasard l'emporte sur l'intelligence" . Cependant, cette décision est critiquable. Car si l'un est prépondérant, il ne peut y avoir de la place pour l'autre. Comme il a été indiqué plus haut, le bluff nécessite une manoeuvre volontaire et intellectuelle qui permet de diminuer la variance et d'augmenter ses gains de manière significative. En effet, s'il est admis que le bluff tient une place prépondérante dans le jeu de poker, il convient alors de dire que c'est l'intelligence qui l'emporte sur le hasard.

 

IL revient au joueur de réduire le hasard autant que possible avec une capacité d'analyse des joueurs, sa position à la table, son stack, sa connaissance des statistiques et de sa capacité à bluffer. Toutefois, l'enjeux de la qualification du poker en tant que jeu de hasard ou nonest importante car le législateur rend illégale la tenue de maisons de jeux de hasard. A l'étranger, la Thaïlande a reconnu il y a peu le poker comme étant un sport.  Aujourd'hui, aucune classification légale ne catégorise la poker comme un jeu de hasard et cette absence de texte laisse donc un vide juridictionnel et la possibilité au juge de définir le poker. 

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Le poker est-il un jeu de hasard ? 

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Il ne convient pas de répondre par OUI ou par NON à cette question ! Car même si la jurisprudence actuelle admet que le poker N'EST PAS UN JEU DE HASARD,  en pratique le poker reste soumis aux mêmes règles que les jeux de hasard et il est interdit d'organiser des tournoi payant dans les lieux publics. 

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Le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, 21 octobre 2010, Petit, n° 09-640  a tout d'abord abordé le sujet en considérant que le poker dans le cadre d'une activité lucrative et régulière n'était pas un jeu de hasard et qu'il pouvait se soumettre à l'imposition.

 

Mais c'est une décision de la Cour d'appel de Toulouse du 20 juin 2011 qui vient renverser les anciennes décisions qui vient pour la première fois qualifier le Poker de jeu d'adresse. 

Dans cette affaire, l'avocat de la défense (M. Cohen) avait fait intervenir trois témoins : un joueur professionnel de poker, un champion de France d'échecs et de bridge ainsi qu'un docteur en mathématiques.

Tous les trois eurent la même conclusion : le poker nécessite l'usage de la ruse grâce à la richesse des combinaisons. "Les meilleurs joueurs étaient toujours gagnants sur le long terme". (source : Le Point - Le poker n'est pas un jeu de hasard, 19/01/2013).

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Autre sources jurisprudentielles :

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Tribunal administratif de Paris, 25 novembre 2015, n°1428971/1 

"dès lors que le poker ne peut être regardé comme un jeu de pur hasard puisqu’il s’exerce dans des conditions permettant de supprimer ou d'atténuer fortement l'aléa normalement inhérent aux jeux de hasard".

 

CAA Paris, 7 février 2017, n°16PA0035.

« si le jeu de poker fait intervenir des distributions aléatoires de cartes, un joueur peut parvenir, grâce à l'expérience, la compétence et l'habileté à atténuer notablement le caractère aléatoire du résultat et à accroître de façon sensible sa probabilité de percevoir des gains importants et réguliers »

 

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Publié par le JPC, 19/08/2025

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